Accueil Politique & Société Après le 7 décembre, la justice avance et le Bénin refuse la chasse aux sorcières
Politique & Société

Après le 7 décembre, la justice avance et le Bénin refuse la chasse aux sorcières

Deux semaines après la tentative de coup d’État déjouée du 7 décembre 2025, le Bénin poursuit un chemin étroit mais maîtrisé : celui de la vérité judiciaire, sans céder aux passions ni aux règlements de comptes. L’enquête progresse, des interpellations ont été opérées et vingt-huit personnes ont été présentées ce jour à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Une séquence décisive, suivie de près par l’opinion nationale, dans un climat de calme qui force le respect.

L’événement, par sa gravité, aurait pu provoquer une onde de choc durable. Il n’en a rien été. Dans les quartiers, sur les places publiques comme sur les réseaux sociaux, le pays semble avoir adopté une posture commune : observer, comprendre, attendre. « Tout le monde est en mode on regarde », confie un acteur de la société civile. Cette sobriété n’est pas une démission ; elle traduit une volonté collective de ne pas confondre justice et vengeance.

Sur le plan judiciaire, les autorités affirment privilégier la méthode et la rigueur. La présentation des vingt-huit personnes à la CRIET ne constitue ni un verdict ni une condamnation, mais une étape procédurale. La présomption d’innocence demeure, et les droits de la défense sont appelés à s’exercer pleinement. Dans un contexte régional marqué par des crises politiques brutales, ce choix de la procédure et du temps long tranche avec les réactions expéditives observées ailleurs.

Politiquement, la retenue est tout aussi notable. Peu de déclarations tapageuses, pas de surenchère partisane, encore moins de désignation publique d’ennemis intérieurs. L’absence de discours appelant à une « chasse aux sorcières » est largement saluée. Elle contribue à préserver la cohésion nationale et à éviter que l’affaire ne se transforme en instrument de polarisation durable.

Ce positionnement collectif n’efface pas la gravité des faits. Une tentative de renversement de l’ordre constitutionnel reste une ligne rouge. Mais y répondre avec sang-froid, c’est refuser de donner raison à ceux qui ont misé sur le chaos. C’est aussi affirmer que la force de l’État réside dans sa capacité à faire respecter la loi, sans excès ni faiblesse.

Au fil des jours, l’enquête livrera ses conclusions, les responsabilités seront établies et les décisions de justice tomberont. En attendant, le Bénin semble avoir fait un choix clair : celui de la justice plutôt que de la vindicte, de la stabilité plutôt que de la peur. Un choix discret, mais essentiel, qui pourrait bien constituer l’un des enseignements majeurs de l’après-7 décembre.

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Lettre d’informations

Restez toujours à jour avec Alafia Info ! Inscrivez-vous à notre newsletter pour accéder en exclusivité aux analyses, reportages et événements les plus marquants, livrés chaque semaine dans votre boîte mail.

Dans la même catégorie

Bénin : L’ancien député Octave Houdégbé s’éteint à 80 ans

L’ancien député béninois Octave Houdégbé est décédé à l’âge de 80 ans,...

Ladji transformé : un quartier plus propre et plus accessible grâce au PAPC

Le quartier Ladji, dans le sixième arrondissement de Cotonou, a beaucoup changé...

Afrique de l’Ouest : la CEDEAO veut changer ses règles pour regagner la confiance

Réunis le 14 décembre 2025 lors de leur 68ᵉ sommet, les chefs...

Affaire « Frère Hounvi » : la CRIET maintient la condamnation de Steve Amoussou

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a...