Le Maroc achève une première année marquante dans le domaine de la chirurgie robotique, avec des avancées qui pourraient repositionner le pays parmi les leaders mondiaux de l’innovation médicale. Le groupe Oncorad, pionnier dans ce secteur au Maroc, qualifie cette période de véritable tournant pour le système de santé national. Depuis la première opération robotisée réalisée le 27 mai 2024, 178 interventions ont été effectuées, principalement en urologie, avec plus de 100 chirurgies pour cancer de la prostate. L’exploit majeur reste cependant la téléchirurgie réalisée en novembre dernier, lorsqu’un chirurgien marocain a opéré à distance un patient à Shanghai, à plus de 12 000 kilomètres, établissant un record mondial de distance pour une intervention de ce type. Le Dr Youness Ahalal, chef de file du projet, souligne que le Maroc a rejoint en un temps record le cercle restreint des pays pionniers de la chirurgie robotique, un domaine autrefois réservé aux grandes puissances technologiques. Parallèlement aux interventions, Oncorad a multiplié les efforts de formation, organisant des ateliers spécialisés au Maroc et à l’international, de Marrakech à Bordeaux, en passant par la Thaïlande. Le groupe gère aujourd’hui plusieurs centres dans les grandes villes marocaines et se distingue par son utilisation d’outils à la pointe, comme l’imagerie assistée par intelligence artificielle et la radiothérapie de précision. En dehors d’Oncorad, le développement de la chirurgie robotique progresse aussi dans le secteur public et privé : l’hôpital d’Agadir s’est équipé du système sud-coréen Revo-I, tandis que le réseau privé AKDITAL à Casablanca utilise plusieurs robots Da Vinci Xi pour des interventions mini-invasives en urologie, gynécologie, chirurgie digestive et ORL. La chirurgie robotique reste néanmoins coûteuse, avec un tarif moyen de 80 000 dirhams, souvent à la charge des patients faute de couverture adéquate. Des discussions sont en cours pour étendre le remboursement et permettre un déploiement plus large dans le secteur public. L’innovation à distance ouvre des perspectives prometteuses, notamment pour les zones rurales : en mai 2025, une opération réalisée à distance entre Casablanca et Laâyoune a démontré la fiabilité de cette technologie et l’espoir d’un meilleur accès aux soins dans les régions isolées. La formation des équipes marocaines reste une priorité. Après un encadrement initial par des experts internationaux, les chirurgiens locaux gagnent rapidement en autonomie et devraient bientôt prendre pleinement la relève. L’objectif commun du gouvernement, des acteurs privés et des professionnels de santé est d’étendre la chirurgie robotique sur l’ensemble du territoire d’ici 2030, positionnant ainsi le Maroc comme un futur pôle régional d’excellence et d’innovation médicale.
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