Sébastien Lecornu entre dans l’histoire comme le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, démissionnant moins de 24 heures après sa nomination. Chargé de consolider une majorité fragile entre Renaissance, MoDem, Horizons et Les Républicains, il a échoué à obtenir l’adhésion de ses partenaires et à instaurer la confiance parlementaire. Le gouvernement n’a jamais tenu de Conseil des ministres.
Cette démission illustre l’impasse née des législatives de 2024 : aucun bloc ne dispose d’une majorité stable et la culture de coalition peine à s’imposer. Les Républicains, divisés entre alliance et crainte de dilution, ont déclenché l’effondrement du projet.
Face à cette crise, Emmanuel Macron dispose de trois options : recomposer rapidement le gouvernement avec un profil consensuel, dissoudre l’Assemblée nationale malgré les risques électoraux pour restaurer une légitimité, ou tenter une coalition d’union nationale sur un programme minimal, scénario rendu improbable par la défiance entre partis.
Cette vacance survient à un moment critique pour la France, alors que le projet de loi de finances 2026 devait être présenté. Les marchés redoutent une instabilité prolongée pouvant compromettre les objectifs de réduction du déficit à 4,4 % du PIB et entraîner une dégradation de la note souveraine.
La crise Lecornu souligne les limites du modèle présidentiel dans un paysage politique fragmenté. À mi-mandat, Emmanuel Macron doit décider entre immobilisme, dissolution risquée ou pari inédit sur le consensus parlementaire, sous la pression des marchés et de l’opinion publique.
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