Le rapport Foresight Africa 2025–2030 du Brookings Institution place le Maroc parmi les États africains ayant su combiner robustesse économique et progrès social dans un contexte continental marqué par des tensions économiques, climatiques et géopolitiques. Présenté comme l’un des documents les plus influents sur l’avenir du continent, il consacre plusieurs volets au Royaume, notamment sur sa progression vers les Objectifs de développement durable (ODD).
Selon cette analyse, le Maroc incarne une montée en gamme économique associant industrialisation ciblée et ouverture commerciale maîtrisée. L’industrie automobile, désormais première source d’exportations, entraîne la croissance aux côtés de l’aéronautique et des industries électriques. Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie de diversification où l’agriculture modernisée garde un rôle central, soutenue par des infrastructures logistiques et portuaires de haut niveau, telles que Tanger Med.
Le document met aussi en lumière l’engagement actif de Rabat dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont il défend une mise en œuvre rapide et pragmatique. L’intégration dans les chaînes de valeur régionales, notamment dans l’agro-industrie et le manufacturier, est perçue comme un levier majeur pour accroître la compétitivité africaine et réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
La transition énergétique marocaine figure également parmi les points forts du rapport. Avec un objectif de 52 % de capacités électriques renouvelables d’ici 2030, le pays se positionne en pionnier continental. Le complexe solaire Noor de Ouarzazate, les parcs éoliens de Tarfaya et Tanger, ainsi que les projets d’hydrogène vert illustrent cette orientation ambitieuse.
Dans le domaine des ressources stratégiques, le Maroc est cité pour son potentiel unique en phosphates verts, essentiels à l’agriculture durable. L’Office chérifien des phosphates (OCP) renforce sa présence en Afrique subsaharienne à travers la fourniture d’engrais et de solutions agronomiques adaptées, contribuant ainsi à la souveraineté alimentaire régionale.
Sur le plan social, le rapport souligne l’ampleur des réformes entreprises pour élargir la protection sociale : généralisation progressive de la couverture médicale universelle, réforme des retraites et mise en place d’allocations familiales ciblées. Ces mesures sont présentées comme un équilibre réussi entre discipline budgétaire et inclusion.
Foresight Africa met aussi en avant la diplomatie économique proactive du Royaume. Les investissements marocains en Afrique subsaharienne, dans les secteurs bancaire, industriel et logistique, renforcent son rôle de hub reliant les flux commerciaux et financiers entre le Nord et le Sud, ainsi qu’entre les différentes régions du continent. Ce positionnement repose sur un réseau dense d’accords bilatéraux, une implication constante au sein de l’Union africaine et une participation active aux initiatives multilatérales, notamment sur le climat et la sécurité alimentaire.
Le rapport voit dans cette capacité à conjuguer ambitions nationales et objectifs africains un atout pour faire avancer des projets structurants tels que les infrastructures transfrontalières, les initiatives énergétiques panafricaines et la gouvernance économique régionale. Cependant, il avertit que le Maroc devra relever d’importants défis : adaptation au changement climatique, gestion de la dette, réduction des inégalités territoriales et accélération de l’innovation technologique.
En conclusion, le document estime que par ses choix stratégiques et son ancrage continental, le Maroc est en mesure de contribuer à redéfinir la trajectoire de développement du continent. Mais pour concrétiser cette ambition, il devra maintenir le rythme des réformes, diversifier ses alliances et veiller à ce que la croissance bénéficie à toutes les catégories sociales.
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