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Algérie : la loi anti-blanchiment durcit le ton sans rassurer

 

L’Algérie a adopté une nouvelle loi contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Publié au Journal officiel le 27 juillet, le texte vise à sortir le pays de la liste grise du GAFI. Mais il suscite scepticisme et inquiétudes.

Le gouvernement affirme vouloir assainir les circuits financiers. En réalité, cette loi semble avant tout répondre à la pression internationale, notamment de l’Union européenne, qui a classé l’Algérie parmi les juridictions à haut risque. Derrière l’urgence à redorer son image, peu de garanties concrètes émergent.

Le texte impose un contrôle strict sur les associations à but non lucratif, sommées de justifier l’origine de tous leurs financements. En cas de manquement, elles risquent des poursuites pénales. Officiellement, il s’agit d’empêcher le financement du terrorisme. Officieusement, la mesure pourrait surtout restreindre l’action des organisations indépendantes, déjà sous pression.

Autre décision controversée : la pénalisation complète des cryptomonnaies. Minage, détention et usage sont désormais interdits. Le gouvernement justifie cette interdiction par un souci de traçabilité. Pourtant, cette approche rigide pénalise l’innovation et accentue l’isolement économique du pays, sans pour autant empêcher les flux illicites informels.

Des secteurs jugés « à risque » (immobilier, joaillerie, art, concession automobile, services financiers) seront également soumis à un contrôle accru. Mais l’efficacité de ces mesures dépendra de leur application. Or, dans un système marqué par l’impunité, beaucoup redoutent un ciblage des petits acteurs au détriment des véritables circuits de corruption, souvent protégés par le pouvoir.

Enfin, la loi prévoit le gel automatique des avoirs de toute personne figurant sur les listes terroristes de l’ONU. Un outil symbolique, qui risque de rester sans effet sans une volonté réelle de transparence, de justice et de réforme de fond.

L’Algérie se dote donc d’un arsenal juridique plus sévère, mais sa crédibilité dépendra moins du texte que de son application équitable et rigoureuse. Pour l’instant, la défiance reste de mise.

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