Succès Masra a été arrêté au petit matin du 16 mai à N’Djamena. Président du parti d’opposition Les Transformateurs et ancien Premier ministre de transition, il fait désormais l’objet d’une enquête judiciaire portant sur des faits lourds : incitation à la haine, constitution de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures. Le vice-président de son parti, Dr Ndolembai Njessada, dénonce une arrestation brutale. Il affirme, images à l’appui, que Masra a été enlevé par les forces de sécurité à son domicile. Une vidéo de surveillance diffusée sur les réseaux sociaux le montre encerclé par des agents en uniforme. Selon un communiqué du parquet général de N’Djamena, l’interpellation a été effectuée à 5h55, en exécution d’un mandat délivré par le procureur de la République. Elle fait suite à une attaque survenue le 14 mars 2024 à Mandakao, village du Logone Occidental, à 18 kilomètres de Béïnamar. L’enquête judiciaire évoque la diffusion de messages appelant à s’armer contre une communauté locale, ce qui aurait alimenté des violences meurtrières. Le bilan de cette attaque est lourd : 42 morts, dont de nombreuses femmes et enfants, ainsi que plusieurs habitations incendiées et des tombes profanées. Le parquet estime que les publications de Masra sur les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant dans le déclenchement de ces violences. Le procureur Oumar Mahamat Kédélay a précisé que Masra est actuellement détenu par la police judiciaire, dans le cadre d’une procédure classique. Il a assuré que toutes les personnes mises en cause seront poursuivies conformément aux lois en vigueur. Cette arrestation suscite de vives réactions au sein de l’opposition, qui redoute une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Laisser un commentaire