Faure Gnassingbé a été désigné président du Conseil des ministres par les parlementaires togolais samedi 3 mai. Il devient ainsi l’homme fort de la nouvelle 5e République. Ce même jour, Jean Lucien Savi de Tové a été élu président de la République, un poste désormais purement honorifique. L’opposition dénonce une confiscation du pouvoir. Ce double vote met fin à la période de transition instituée par la Constitution de mai 2024, qui a fait basculer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. Cette nouvelle organisation institutionnelle concentre désormais l’essentiel des pouvoirs entre les mains du président du Conseil des ministres. À Lomé, les députés ont commencé par élire Faure Gnassingbé à ce poste-clé. À la tête du pays depuis 2005, il a prêté serment pour un mandat de six ans renouvelable et recevra désormais l’allégeance de l’armée. Il est chargé de former un nouveau gouvernement dans les prochains jours. Plus tard dans la journée, les députés et sénateurs réunis en congrès ont élu Jean Lucien Savi de Tové, 86 ans, à la présidence de la République. Ancien ministre et fondateur de la CPP, il était le seul candidat présenté par le parti au pouvoir, UNIR. L’élection s’est faite sans opposition, le poste étant désormais dépourvu de tout pouvoir exécutif. Selon le président du congrès, Jean Lucien Savi de Tové remplit toutes les conditions prévues par la nouvelle constitution : nationalité togolaise d’origine, résidence sur le territoire depuis plus d’un an, bonne santé mentale et physique, et jouissance de ses droits civils et politiques.
Une « trahison » pour l’opposition
L’opposition dénonce un passage en force et rejette la légitimité du processus. Jean Pierre Fabre (ANC) et Me Paul Dodzi Apevon (FDR), tous deux députés, ont boycotté la séance. Dans la soirée, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) a fustigé une « trahison de la souveraineté populaire » et appelé les citoyens à résister en invoquant l’article 150 de la Constitution de 1992. Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson (DMP) a invité les Togolais à se mobiliser massivement pour la manifestation prévue ce 4 mai à Lomé. Pour Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, la journée du 3 mai marque une rupture brutale : « Faure Gnassingbé clôture le processus de sa 5e République. Il impose une constitution que le peuple n’a pas choisie. Une période d’incertitude s’ouvre, avec deux textes en opposition : celui de 1992, plébiscité à 98 %, et celui de 2024, imposé par le régime. »
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